COLETTE , WILLY.
Indiscrétions et commentaires sur les Claudine.
Paris Pro Amici 1962
plaquette in-16, bradel éditeur de toile orange, dos lisse muet, nom de l'auteur et tire en lettres dorées sur le premier plat avec filet doré en encadrement, étui noir, 35 pp. Edition originale. Avant-propos de Pierre Varenne et Alfred Diard. Tirage unique à 50 exemplaires numérotés sur vélin d'Arches pur chiffon. En bonne condition. La découverte par Colette en 1909 de la vente des droits des Claudine aux éditeurs fut à lorigine dune querelle littéraire et matrimoniale qui alimenta la presse et lédition pendant plus de vingt ans. Chaque partie avait ses défenseurs et ses tribunes, les proches étaient sommés de choisir leur camp et tous les coups étaient permis : menaces, chantages, procès, insultes
Le premier avait été donné par Willy, Colette le lui rend dès le mois de mars. Elle menace de porter à la connaissance de la justice des lettres compromettantes de Mme de Serres dans un procès qui opposait Willy à son ancienne maîtresse. Forte de ce moyen de pression, Colette obtient un premier accord concernant la signature des Claudine, qui paraîtront désormais sous leurs deux noms. Lannée suivante, apprenant quune opérette tirée de Claudine va être montée au Moulin-Rouge, elle saisit la SACD, menace, réclame et obtient la moitié des droits et son nom sur laffiche. La partie ne fait que commencer. Le second coup vient de Colette qui dans La Vagabonde fait de Willy lodieux et félon Adolphe de Taillandy. La réplique de lintéressé arrive, un an plus tard, et prend la forme de deux romans : le premier Lélie fumeuse dopium, signé Willy et dû aux bons soins de Paul-Jean Toulet, où Colette apparaît sous les traits de Bastienne de Bize, un temps appelée la baronne Gousse de Bize, « épaisse, sa taille courte roulant sur des hanches évoquant la gourde plutôt que lamphore », puis dans Les Imprudences de Peggy, signé Meg Villars et « traduit » par Willy où apparaît Vivette Wailly qui « sacoquina publiquement à une vieille morphinomane qui shabillait en homme, la baronne de Louviers. » Attentif à ces différentes passes darmes, Jules Marchand, directeur de la revue Sur la Riviera propose à Willy de dire sa vérité. Lancienne gloire des années 1900 avait alors perdu la plupart de ses collaborations journalistiques et faisait face à dimportants problèmes dargent, dus notamment à sa manie du jeu. De décembre 1920 à février 1921, il sacquitte de sa tâche depuis Monte-Carlo en inscrivant sur les premières pages des quatre Claudine sa version de la genèse et des personnages. Savait-il alors que Marchand débuterait, moins de quinze jours après sa mort, la publication de ces commentaires ? Il a emporté ce secret dans la tombe. Publié du 25 janvier au 15 février sous le titre « Willyana », il nest pas certain que ces textes aient redoré son image si on en juge par la somme de calembours dun goût douteux et de remarques fielleuses, voire ordurières, à légard des personnages, telle Olympe Terrain, linstitutrice de Colette devenue Mlle Sergent : « La directrice, Mlle Terrain, forniquait assidûment avec Merlou, quoique très laide, car elle avait des économies quappréciait ce poisson besogneux »
Le dernier mot revint à Colette qui en publiant, en 1936, Mes apprentissages, sous-titre « Ce que Claudine na pas dit », enterra définitivement Willy et cette période de sa vie. Les commentaires de Willy furent repris, sans doute à linitiative de Pierre Varenne et dAlfred Diard qui préfacent louvrage, sous le titre Indiscrétions et commentaires sur les Claudine par le librairie Auguste Blaizot qui les publia en cette petite plaquette tirée à 50 exemplaires : « Allons-nous condamner lun et gracier lautre, alors que les deux qui nous sont différemment aussi chers, se sont rendus coupables de perversité, de méchanceté et de mauvaise foi, pour ne pas dire plus, à légard lun de lautre ? Mais ne devons-nous pas tenir compte aussi du bien quils se sont fait mutuellement ? Sans Willy, Colette fût-elle devenue lincomparable styliste qui fait honneur aux lettres françaises ? Sans Colette et les Claudine dont elle fut la mère si Willy en fut le père, celui-ci eut-il connu la période la plus prestigieuse de sa vie ? » Plaquette très recherchée. (Notice de Frédéric Maget pour le catalogue de la collection Colette des Clarac)
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