GIDE (André).
Lettres à Angèle. 1898-1899.
Paris Mercure de France 1900
in-16, broché, 176 pp., index.Édition originale [Naville 41] tirée seulement à 300 exemplaires sur Hollande (non justifiés), celui-ci enrichi d'un envoi autographe signé de l'auteur « à Paul-Louis Garnier, bien cordialement ». Paul-Louis Garnier (1879-1916) était secrétaire de rédaction de la revue mensuelle La Cité de lArt. Dans ce volume Gide a remanié et réduit à douze les treize lettres qui avaient paru dans la revue LErmitage entre juillet 1898 et novembre 1900. Avec coquetterie, il précise limiter le tirage de ces « courts essais de critique » au motif quils doivent avoir perdu tout intérêt dactualité
Mais il prendra soin de les republier dans Prétextes dès 1903 et de les insérer dans ses uvres complètes, preuve de lintérêt quil leur porte. De fait, lartifice qui consiste à recourir à une interlocutrice fictive pour commenter les dernières parutions littéraires, donne à ces critiques des accents de conversation vivante, qui rendent ces lettres aussi savoureuses que spirituelles : une pique à Mirbeau « [Ses articles] sont stupides. Certainement cest parce quil a du génie ; mais cest fâcheux quil nait pas plus de talent » (première lettre, p. 9), la perte de Mallarmé, « comment parlerais-je aujourdhui de rien dautre ? La figure si belle qui disparaît vit presque encore » (huitième lettre, p. 101), ladmiration pour Nietzsche : « Oui, Nietzsche démolit, il sape, mais ce nest point en découragé, cest en féroce ; cest noblement, glorieusement, surhumainement, comme un conquérant neuf violente des choses vieillies » (douzième lettre, p. 158). Avec ses critiques, Gide mesure linfluence des autres et surtout construit la sienne.
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