COLETTE. | Dans la foule.

COLETTE.

Dans la foule.

Paris Georges Crès et Cie 1918

petit in-12 carré, bradel demi-maroquin ocre rouge à coins, dos lisse avec pièce de titre de maroquin vert gris, plats de papier moucheté ocre, doublures et gardes de papier marbré, tête dorée, non rogné, couvertures et dos conservés (Stroobants), 158 pp. Édition originale de cette série d’articles d’actualité, chacun décoré de jolis bandeaux et culs-de-lampe à motifs floraux. Un des 6 exemplaires de tête numérotés sur Chine, celui-ci truffé d'une belle lettre autographe signée "Colette Willy" à propos de "l'affaire Steinheil" (3 p. in-16, à l'en-tête imprimé du "25, rue Torricelli", s.l.n.d., infimes perforations ne gênant pas la lecture). Bel exemplaire dans une sobre reliure de Stroobants.Un an après Les Heures longues, Colette rassemble d’autres articles du Matin, parus cette fois avant-guerre, pour former la matière d’un nouveau recueil, dont le titre reprend celui d’un article paru le 2 mai 1912 consacré à « l’arrestation » de Jules Bonnot. Les sources d’inspiration des textes réunis ici sont multiples : faits divers (affaire de la bande à Bonnot, procès Guillotin), politique intérieure (élection législative), sport (arrivée du Tour de France, match de boxe, course cycliste, vol en dirigeable). Dans chaque texte s’exprime magistralement cet art de la chose vue dont Colette journaliste fit sa marque : « voir et non inventer ».Le manuscrit joint répond à l’enquête féministe du journal Fin de siècle sur l’affaire Steinheil, intitulée « Opinions de quelques femmes célèbres ». Rappelons que Marguerite Steinheil, maîtresse de Félix Faure, fut accusée d’être la complice du meurtre de son mari. La réponse de Colette fut intégralement publiée dans le journal du 7 mars 1909 : « Une « faible femme » n’a nullement besoin, pour tuer une, deux, trois ou dix personnes, d’un complice effectif. Une femme, toute seule, aura toujours assez de force nerveuse pour tuer, et pour se livrer ensuite, avec un génie enfantin et inégal, à une mise en scène intelligente qui pêchera toujours par plus d’un point. Force nerveuse incalculable, duplicité, fausse légèreté, mépris du risque, inconscience – très relative –, machiavélisme imparfait servi par l’insuffisance des juges et de la police… Voilà ce que je démêle, à peu près, en madame Steinheil. » (extrait)On pourrait s’étonner qu’Henri Clarac ait choisi de truffer son exemplaire d’une lettre antérieure de plusieurs années au recueil, mais ce choix témoigne au contraire d’une lecture très attentive, puisque dans le texte intitulé « À Tours » - reprenant deux articles parus dans Le Matin le 27 et le 28 juin 1912 consacrés à l’affaire Guillotin -, Colette fait un parallèle entre Mme Guillotin, elle-même accusée d’être la complice de son cousin dans le meurtre de son mari, et Mme Steinheil. On notera, d’ailleurs, que le titre du second article initialement publié dans Le Matin était « Que c’est solide une femme ! » qui reprend l’idée développée dans la réponse de Colette à l’enquête sur l’affaire Steinheil et que l’on trouvait déjà exprimée dans La Vagabonde (Notice de Frédéric Maget pour le catalogue de la collection Colette des Clarac).
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